XXVIII ème dimanche du temps ordinaire
Dimanche 10 octobre 2021
RAPPORT SUR LES ABUS SEXUELS DANS L’ÉGLISE
UN CHEMIN DE VÉRITÉ, DE RESPONSABILITÉ ET DE RENOUVEAU
Chers Frères et Sœurs du diocèse de SAINT-DIÉ,
La publication du rapport de la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus sexuels dans l’Église) met aujourd’hui notre Église en état de choc.
Face aux résultats de ce processus, engagé à la demande des évêques et des religieux-ses de France, je veux d’abord vous exprimer ma honte, ma douleur et mon indignation. Ils viennent confirmer avec une particulière sévérité la profondeur du drame des abus sexuels et la lourde responsabilité que porte l’Église dans ce fléau. Ils appellent de notre part une attitude de vérité, de responsabilité, et d’engagement pour un vrai renouveau.
A l’épreuve de la vérité
Parmi les si nombreuses victimes, nous devons d’abord rendre hommage à celles et ceux qui ont eu le courage de se faire témoins pour que la vérité se fasse. À toutes ces personnes qui ont été blessées dans leur chair et dans leur âme nous disons notre solidarité profonde, mais aussi la honte et la douleur que nous éprouvons en sachant ce qu’elles ont enduré. Nous voulons renouveler notre engagement à les accompagner sur un chemin de reconstruction personnelle et d’espérance en l’avenir.
Sans concession aucune, ce rapport nous met aujourd’hui à l’épreuve de la vérité. Devant l’ampleur du constat statistique, nous devons nous rendre à l’évidence : les abus sexuels commis par les prêtres, les religieux mais aussi des laïcs dans l’Église en France n’ont rien d’anecdotique ou de marginal ; ils ont été très nombreux et particulièrement scandaleux. Comme l’a déclaré le Président de la Conférence des Évêques de France : « la voix des victimes nous bouleverse, leur nombre nous accable ».
Nous sommes sidérés par le nombre et la proportion intolérable de prêtres et de religieux qui ont pu commettre ces actes destructeurs qui ont affecté durablement l’intégrité personnelle de ces enfants, de ces jeunes et de ces personnes vulnérables.
Devant ce drame épouvantable, je veux réaffirmer avec vous notre détermination à poursuivre le travail de vérité et de purification nécessaire à la crédibilité de l’Église.
Une responsabilité multiforme
Ce travail de vérité nous a déjà amené à reconnaître une vraie responsabilité de l’Église dans le drame des abus sexuels. Celle-ci a été largement exprimée dans la Lettre que les évêques ont adressée aux catholiques de France le 25 mars 2021.
Notre responsabilité est d’abord morale et spirituelle. L’Église doit reconnaître qu’elle a largement failli à travers les abus commis par nombre de ses clercs et religieux, mais aussi dans un système de gouvernement pastoral marqué par le silence, la protection des auteurs et de leur réputation, la négligence dans l’écoute et l’accompagnement des victimes.
Depuis les années 2000, notre Église a aussi pleinement reconnu la responsabilité légale qui lui incombait, en collaborant avec loyauté et clarté avec l’autorité judiciaire dans la recherche de la vérité et la sanction des abus commis.
De même, nous sommes plus que jamais encouragés à susciter davantage d’initiatives pastorales et préventives, par la formation des acteurs pastoraux, la mise en place de bonnes pratiques, le suivi et l’accompagnement des coupables notamment.
Enfin, et peut-être avant tout, notre Église se reconnaît le devoir d’une responsabilité solidaire. Nous avons systématiquement développé les cellules d’accueil et d’écoute des victimes, tant au niveau diocésain qu’à l’échelle nationale. Nous allons aussi achever de mettre en place un dispositif d’aide financière personnalisée, afin de signifier concrètement notre participation au difficile chemin de reconstruction des victimes.
Pour un chemin de renouveau
Le drame des abus sexuels interpelle l’Église toute entière et lui rappelle l’urgence toujours nouvelle de la conversion. Ainsi, cette crise sans précédent nous convoque à un renouveau ecclésial durable et profond.
Une réforme de la formation des prêtres doit nous rendre plus attentifs à leur croissance humaine, psycho-affective notamment, mais aussi à leur transmettre une théologie et une spiritualité qui exclue toute justification à un cléricalisme destructeur.
Nous devons aussi veiller aux conditions de vie des prêtres, particulièrement à leurs liens fraternels qui les gardent de l’isolement dangereux ou de la volonté de puissance. Nous voulons aussi leur exprimer notre confiance et notre gratitude pour le service fidèle que l’immense majorité d’entre eux rendent au Peuple de Dieu.
L’approfondissement de la dimension synodale de l’Église, qui associe tous les baptisés à sa vie et à sa mission, doit aussi nous protéger des rapports de pouvoir ou de possession qui peuvent amener aux abus les plus graves.
Enfin, comme nous y invite inlassablement le Pape François, plus notre Église vivra la simplicité évangélique, l’accueil de tous et la proximité aux plus pauvres et aux blessés de la vie, plus elle sera cette « maison sûre » où toute personne puisse trouver une raison d’espérer encore.
+ Didier BERTHET
Évêque de Saint-Dié
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